La Belgique de la débrouille s'organise!

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Fins de marché, invendus, ventes rapides... même les poubelles sont convoitées!

"10 €, mon Caddie est plein"

BRUXELLES Depuis quelques jours, cette chaîne de supérettes des grandes villes a placé des cadenas sur ses poubelles, de grands containers de plastique de 100 litres. Chaque jour de sortie, ils étaient en effet plusieurs habitués à guetter les bonnes affaires gratuites, des plats frais qui seraient périmés le lendemain, des légumes, des salades préparées... "Mais nous, les containers, on les loue et on paie cher une firme privée pour les ramasser, si tout est sens dessus dessous, c'est nous qui devons réparer les dégâts" , explique un responsable d'une chaîne de supermarchés.

Il faut le savoir, en ces temps de baisse du pouvoir d'achat, oui, des gens sont assez mal lotis pour fouiller sans honte dans les poubelles. Et ce ne sont pas nécessairement des squatters, des SDF ou autres rejetés de la société. Ce sont des gens ordinaires, qui ne parviennent plus à nouer les deux bouts.

Les supermarchés le confient volontiers, il y a plus de monde en fin de journée, à l'heure des ventes rapides. Et les banques alimentaires, nous explique Pierre Wallyn, leur administrateur, n'ont jamais aidé autant de monde : 500 nouveaux cas de plus cette année.

La Belgique des pauvres se rencontre aussi sur les marchés. Mais à la fin, en début d'après-midi, quand on piétine dans les allées les fruits trop mûrs abandonnés. Les fins de marché, aujourd'hui, c'est l'aubaine pour ceux qui (sur)vivent avec moins de 1.000 € par mois. Nous avons fait le test au plus grand marché de Bruxelles, celui du Midi. Il est 13 h 30. Un bon quart d'heure pour trouver une place de parking. On s'attendait que, déjà, ça désemplisse, mais non. Que du contraire. Certains, de plus en plus nombreux, arrivent seulement. "On ne vend pas moins qu'avant , confie Karim, marchand de quatre saisons. Mais on est obligé de brader les prix. On sent que les gens ont dur, surtout les fins de mois. Là, on est le 1er, mais ils n'ont pas encore été payés... Il y a vraiment de plus en plus de clients qui font leurs courses exprès sur le tard. Parce que, alors, on est forcé de liquider tout ce qui ne sera plus bon le lendemain."

Il y a l'étal de Karim, deux emplacements bien agencés, et juste devant, à même le sol, son étal des bonnes affaires. "Ici, c'est le coin miracle, les gens le savent : la caisse à 1 €." Ce dimanche, il y avait des poires, des mangues, des asperges et des raisins en quantité. À 14 h 15, les derniers cageots s'emportaient. Gratos. 

Nancy Ferroni
© La Dernière Heure 2008