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Union des Locataires de Saint-Gilles asbl
28 mai 2009

Pas de quartier pour les pauvres

http://www.lesoir.be/regions/bruxelles/urbanisme-gwenael-brees-2009-05-28-709088.shtml

Vingt ans, c'est l'âge de la Région bruxelloise, mais c'est aussi le temps que dure l'opération « revitalisation » du quartier de la gare du Midi.

Extraits

• Extraits de l'introduction (l'histoire de Bruxelles, la problématique du bureau, l'absence de mémoire, les liens avec le quartier Nord...) • Extraits du chapitre 1 : "Pas de vacances pour les expropriés" (les effets sociaux sur les petits propriétaires victimes d'une utilisation abusive de la loi sur l'expropriation "d'extrême urgence") • Extraits du chapitre 3 : "Papa a un problème" (sur la carrière politique de Picqué et la Commune de St-Gilles) • Extraits du chapitre 7 : "Les vautours" (les promoteurs immobiliers + comment les faveurs dont l'un d'entre eux a bénéficié de la part de Picqué ont justifié la lenteur des expropriations) • Extraits du chapitre 8 : "Le plan secret" (comment les autorités ont joué avec la planification et temporisé afin de faire baisser les valeurs immobilières et pourrir le quartier)

ENTRETIEN

Un projet qui, selon le journaliste Gwenaël Breës, ressemble, sous certains aspects, à un pitoyable remake du quartier Nord, en plus petit. Lui-même habitant du quartier durant plusieurs années, il nous livre, à travers son ouvrage Bruxelles-Midi, l'urbanisme du sacrifice et des bouts de ficelle, une critique acerbe de la manière dont les pouvoirs publics ont orchestré « l'un des plus grands fiascos urbanistiques de ces vingt dernières années », menant « une guerre d'usure contre les habitants ».

Ce n'est pas un hasard, ce livre juste avant les Régionales ?

Il est surtout lié aux 20 ans de la Région bruxelloise. L'histoire racontée dans ce livre commence en 1989 et la création de la Région, à ce moment-là, y joue un rôle prépondérant. Il est important de garder une mémoire de ce qui s'est passé et ne pas laisser nos politiques pavoiser quand, dans les mois prochains, ils inaugureront un hôtel ou des bureaux, sans rappeler la catastrophe sociale que cela a généré, souvent dans l'indifférence des médias.

Ce mutisme ou cette indifférence s'explique-t-elle aussi par le manque de relais dont auraient pu bénéficier ces habitants ?

Oui. On s'est attaqué à une population fragile, en grande partie une population immigrée, qui éprouve des difficultés à connaître ses droits et à les faire valoir. On n'aurait pas osé mettre le même type de dispositif en place à Uccle ou à Watermael-Boitsfort.

C'est un travail de mémoire mais aussi un livre politique ?

J'aborde aussi les questions juridiques, comme le nœud du problème dans ce dossier, à savoir la loi, inique, de 1962 sur les expropriations d'utilité publique et d'extrême urgence. Elle suspend des droits constitutionnels et est tellement peu réglementée qu'elle autorise toutes les dérives.

Vous évoquez un coup de poker des autorités publiques.

Elles ont voulu mener un projet, sans en avoir les moyens, en spéculant que l'arrivée du TGV allait aiguiser l'appétit des promoteurs, générer de la plus-value et puis des charges d'urbanisme. La Région a privatisé le développement urbanistique du quartier en le confiant à une société anonyme, la SA Bruxelles-Midi, sans la doter de moyens pour le réaliser.

L'intention de Picqué était de lutter contre « la contagion de la pauvreté ». Vous y voyez une entreprise de stigmatisation.

Pour quelqu'un qui se dit de gauche et selon qui le progrès social doit bénéficier à tous, lutter contre la pauvreté, ce n'est pas détruire les maisons des pauvres et les chasser du quartier mais se battre pour qu'ils soient moins pauvres. Sauf à considérer, quand il parle de “contagion”, que les immigrés sont des gens qui produisent saleté et pourrissement du tissu urbain. Mais quand cette histoire a démarré, les étrangers n'avaient pas le droit de vote…

Sa politique censée mettre l'individu au centre des préoccupations serait une mystification ?

Oui. Charles Picqué et son entourage veulent être les maîtres de la dialectique et n'assument pas leurs responsabilités. Ils définissent ce qui est bon ou mauvais, qui est un spéculateur et qui ne l'est pas, qui est légitime ou pas.

Votre livre évoque un cumul malsain…

A qui vont bénéficier les rentrées financières (charges d'urbanisme, taxes bureaux…) ? À la commune de Saint-Gilles. Dès le départ, c'est une opération communale, qui est menée, à la Région, par le bourgmestre empêché de la commune. Ce n'est pas une opération d'intérêt régional. Il y a déjà, alors, surabondance de bureaux sur le territoire de la Région. Si on réfléchit au niveau régional, il n'y a pas de raison de détruire du logement pour construire du bureau pour accueillir des entreprises déjà sur le territoire de la Région. La confusion des pouvoirs est au cœur de cette histoire.

Vous évoquez aussi une étrange connivence avec certains promoteurs, comme Jean Thomas.

C'est étonnant : Jean Thomas est alors dans le consortium de promoteurs avec lequel Charles Picqué se dispute. Mais, à côté de la zone d'expropriation, le même Jean Thomas mène un projet, tout seul, et s'empare de 45 maisons en 7 ans sur un îlot d'habitat. La commune et la Région vont le récompenser en transformant l'affectation de l'îlot. Dans ce PPAS, le Fonsny II, dit de protection de l'habitat, on prévoit un îlot pour du bureau en disant qu'il va permettre de « protéger le reste de la zone du bureau « . C'est d'autant plus troublant que, à l'époque, le financement de partis est encore légal et que Jean Thomas ne cache pas ses sympathies pour le PS – il a d'ailleurs figuré sur les listes. Certains, au parlement et à la commune de Saint-Gilles, ont parlé de délit d'initié.

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