Le CPAS fait ses comptes

http://www.lesoir.be/regions/bruxelles/2010-03-10/le-cpas-fait-ses-comptes-757864.shtml

Bruxelles. Le parc locatif dde logements sociaux souffre d'un manque d'entretien mais le plan 1.000 logements avance. Le président du CPAS estime que la Ville cumule les difficultés sans être dotée de tous les outils pour y répondre.Une critique qui vise l'accueil des demandeurs d'asile.

ENTRETIEN

Président du CPAS de la Ville depuis quinze ans, le socialiste Yvan Mayeur tire la sonnette d'alarme. La fracture sociale se creuse en même temps que les missions de l'institution qu'il dirige se compliquent : aide sociale, construction de logement, aide médicale urgente aux étrangers… Une évolution encore plus prégnante à Bruxelles, dont le centre agit parfois comme un aspirateur de pauvreté. Bilan à mi-législature.

Vous êtes chargé, au cours de cette législature de créer du logement, notamment à travers le plan 1.000 logements, et de la rénovation de logements insalubres. Où en est-on ?

On avance sur les deux aspects. On inaugure beaucoup de rénovations et on progresse dans le plan 1.000 logements, avec la Régie foncière. Nous aurons rempli notre contrat au terme de cette législature. Nous avons aussi le projet X (rénovation de logements privés gérés ensuite par la commune pour une durée déterminée), qui s'est bien développé sur Laeken. Ce qui fonctionne moins bien, c'est la rénovation des logements sociaux, mais c'est du ressort de la Région. Dans certains cas, on est au bord de la catastrophe. Les gens vivent dans des conditions inacceptables avec un alourdissement de leurs charges énergétiques, notamment en raison de la vétusté des immeubles.

C'est une pierre dans le jardin de la Région. N'est-ce pas une tendance, quand il y a un problème, à rejeter la faute sur un autre niveau de pouvoir ?

Je ne jette pas la pierre à la Région, je dis que c'est la compétence régionale, ce qui est un fait. Je plaide, au contraire, pour que, ensemble, communes et Région, on s'asseye autour de la table pour réfléchir à un moyen d'accélérer les procédures de rénovation du logement social. Dans l'intérêt des locataires, mais pas seulement. La dégradation des conditions de vie des gens les pousse au désespoir et le désespoir pousse à des actes préjudiciables à tous.

Vous sentez des tensions dans certains quartiers ?

Oui. La dégradation des conditions de vie, aggravée par le chômage, n'augure rien de bon.

On a beaucoup parlé d'Anderlecht et de Molenbeek. Bruxelles ne serait pas à l'abri ?

Toutes les communes sont exposées, même s'il y a parfois une réponse mieux adaptée. On ne peut pas comparer le désert que la commune d'Anderlecht a créé à Cureghem pendant des années et l'investissement en prévention fait par Molenbeek et la Ville dans les quartiers. Une action locale peut faire la différence.

José Garcia dit que la construction de logement social est un emplâtre sur une jambe de bois.

Garcia, comme souvent, se trompe totalement. On doit maintenir le logement public et améliorer le logement social.

Quand on voit la demande en logement social comparé à l'offre, c'est un écart qu'on ne peut combler…

Si, mais on manque de moyens. On doit augmenter les moyens de la Région. Cela doit intervenir dans les négociations institutionnelles. Françoise Dupuis en était consciente et elle a voulu, à sa manière, se battre. Aujourd'hui, je m'interroge : “où en est-on ?”

En France, chaque commune doit avoir un pourcentage de logement social. Ne serait-ce pas un début de solution pour éviter que les projets régionaux ne se heurtent à la résistance locale ?

Sauf que, en France, les communes peuvent payer des taxes pour ne pas en avoir. Il y a des communes riches, à Bruxelles, qui pourraient se le permettre. Cela nuirait encore à la solidarité entre les communes et à la dualisation de la Région, qui n'est pas due aux politiques mais à la situation économique.