« Cessons d’être guidés par la peur »

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Rédaction en ligne
jeudi 11 août 2011, 14:13

Des émeutes comme celles qui ont secoué Londres sont-elles possibles en Belgique ? La réponse du bourgmestre d’Anderlecht.

Gaëtan Van Goidsenhoven, Bourgmestre MR d’Anderlecht, Des émeutes à l’anglaise peuvent-elles arriver chez nous ? Les socialistes Philippe Moureaux et Charles Picqué estiment que l’on doit être vigilant.

Personne n’a dit le contraire. Évidemment que de tels événements peuvent arriver chez nous ou en France, en Hollande, au Danemark… La question ne se pose pas. Par contre, faut-il en permanence surréagir au lendemain d’un événement ? Ne soyons pas des pompiers pyromanes. N’aurait-on pas avantage à travailler sur ces questions tout au long de l’année sans attendre que de tels événements se produisent ?

Vous avez l’impression que ce travail-là n’a pas lieu ?

Tout le monde y va de ses commentaires quand il se passe quelque chose, dans un climat médiatique un peu compliqué. Mais après ? C’est cela qui m’intéresse, moi. On avait fait un travail de fond sur les questions liées à la sécurité avec le fédéral, le ministre-président et les bourgmestres. Cela a été interrompu par la chute du gouvernement. Plus d’un an plus tard, ne pourrait-on pas reprendre ce débat sur la ville et ses enjeux ? Certains diront qu’il existe déjà des outils régionaux. Mais ne doit-on pas avoir l’audace et la modestie de revenir sur un certain nombre de choses qui ont manifestement échoué ? Depuis les années 1990, on travaille avec les contrats de quartier, les a-t-on évalués ? La ville conçue au 20e siècle ne doit-elle pas être revue en profondeur ? Personnellement, j’en suis convaincu.

On manque d’ambition pour Bruxelles, selon vous ?

Terriblement, oui. Regardez la zone du canal à Anderlecht, qui est morte. J’essaye d’attirer l’attention sur son importance pour redévelopper des quartiers fragilisés. On pourrait y recréer une nouvelle dynamique économique. Hé bien, c’est difficile de convaincre un certain nombre de partenaires de cette opportunité. Il faut prêcher dans le désert pour tenter de faire autre chose, sans tabou.

Est-ce dû à la complexité institutionnelle du pays ? À des rivalités politiques ?

Un peu des deux. Et à une certaine forme de dogmatisme. On a peur. La peur paralyse. Laissons-nous guider par l’envie. C’est le moteur qui nous permettrait de garder une classe moyenne se demandant parfois ce que l’on fait de cette ville. Il faut redonner de l’espoir. Il faut faire en sorte que les jeunes des quartiers défavorisés qui prennent l’ascenseur social ne se sentent pas obligés de déménager. C’est un terrible échec parce que l’exemple reste celui du caïd.

Connaîtra-t-on encore des difficultés de sécurité dans certains quartiers ? La réponse est malheureusement oui. Je sais que demain, il peut se passer quelque chose de dramatique dans ma commune. Nous avons déjà évité le pire en 2008. Même en vacances, je regarde mon BlackBerry vingt fois par jour. Mais il ne faut pas se décourager. Évitons de vivre dans la hantise et battons-nous pour redonner de l’optimisme à cette ville. Je vois des exemples ailleurs. Je trouve par exemple génial qu’à Paris, des musées s’installent dans des quartiers en difficulté. Ça, c’est un message extraordinaire.