Il y avait du désordre ce jeudi dans la rue de l’Ordre. Camions, policiers, journalistes, organisations sociales, passants curieux et déjà le serrurier étaient présents sur le lieu d’expulsion.

“Ils ont précipité les choses. Ils décident de nous expulser entre Noël et Nouvel An. Bravo! Ce n’est pas très humanitaire pour une société de logements sociaux” nous explique Lievin Chemin, un squatteur.

Fin novembre, le froid et l’hiver pointent le nez. Le groupe d’une vingtaine de personnes décide de forcer les portes des bâtiments vides appartenant au Foyer Ixellois. Sans prévenir, ils rentrent dans les maisons pendant la nuit. Le jour levé, ils préviennent les propriétaires par fax et tentent ensuite de négocier leur occupation. En vain.

“Ils ont cassé les serrures. Ils ont cassé les scellés des compteurs électriques. Puis, ils nous ont demandé de faire une occupation à titre précaire en disant qu’ils allaient faire des travaux. Mais il faut savoir que les maisons en question sont inscrites dans un plan de rénovation » explique Jacques Jourquin, le directeur du Foyer Ixellois.

Mercredi, les squatteurs découvrent des pancartes annonçant l’interdiction de stationnement pour le jour suivant. Leur expulsion est imminente. Beaucoup ne savent pas encore où ils vont pouvoir dormir comme Antonio,  « On ne sait toujours pas où on va aller, comme on n’a eu aucun accord avec aucun propriétaire. On n'aura qu'une autre solution: essayer de trouver un autre bâtiment vide ».

Antonio est un Espagnol né en Belgique. Avec ses longs cheveux et sa longue barbe poivre-sel, il ressemble à un ancien hippie idéaliste. A ses côtés se trouvent des jeunes Belges parlant parfaitement le français et le néerlandais. Certains sont SDF, d'autres ont accès aux droits sociaux. Le groupe se veut hétéroclite et porteur d’un projet commun.

“Le projet s’appelle  “leeggoed”, la vidange en français. Une vidange, on peut encore l’utiliser. On peut encore mettre de l’eau dedans. C’est pareil pour un bâtiment qui est vide parce qu’il est en attente de travaux et que les pouvoirs publics n’ont pas les sous pour le remettre en état. On estime qu’ils peuvent nous le confier. On est des gens tout à fait fiables”.

Le projet est encadré par cinq associations: JES, Pigment, Chez Nous/Bij Ons, Woningen123 Logements et Samenlevingsopbouw Brussel. Elles vont les soutenir pour trouver des solutions d’urgence. Le matériel des squatteurs (matelas, ampoules, tuyaux de plomberie, etc.) est transporté en partie dans des camions du CPAS. Les squatteurs pourront le récupérer en temps voulu lorsqu'ils auront digéré leur cadeau de Noël empoisonné.