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Union des Locataires de Saint-Gilles asbl
4 mars 2013

« Les critiques, je m’en fous, je travaille ! »

http://archives.lesoir.be/%AB-les-critiques-je-m-en-fous-je-travaille-%BB_t-20130302-02AFM2.html

LAMQUIN,VERONIQUE
Page 28
Samedi 2 mars 2013

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« Quand j’aurai des résultats, ils le verront bien », avait répondu Maggie De Block à ses détracteurs. En un an, le nombre de demandes d’asile a diminué de 15,8 %. Le fruit d’un changement drastique de politique.

En décembre, elle avait raflé plus de 10.000 voix pour l’élection au bureau de l’Open VLD, 1.000 de plus qu’Alexander de Croo, 2.000 qu’Annemie Turtelboom. Une ascension fulgurante pour cette médecin généraliste. Une réponse cinglante à ses détracteurs de la première heure. « Je m’en fous, je travaille. Ils n’ont qu’à voir les résultats ! Avoir été médecin 25 ans, ça donne un bagage ! »

Vous êtes devenue hyper-populaire…

Il paraît !

Comment l’expliquez-vous ?

Il faut demander aux gens qui me donnent tous ces points !

Vous avez cartonné aux élections internes de votre parti…

Ce jour-là, j’étais tout étonnée. Et très embêtée : je n’étais pas là, j’étais à Audenarde pour la fête d’un ami. Puis, j’avais réservé un bed and breakfast, pour un peu décompresser, avec mon mari. Ils m’ont appelée. Après 60 coups de fil et 13 interviews, il a dit : « C’est vraiment romantique ! On va rentrer. » J’espérais terminer dans les vingt premiers, en termes de popularité, parce qu’alors, automatiquement, on siège au bureau du parti pour quatre ans. C’est pour ça que j’avais posé ma candidature.

Vous faites de la politique autrement ?

Je fais mon travail. Je ne fais pas beaucoup de bruit.

Vous avez critiqué Liesbeth Homans, présidente N-VA du CPAS d’Anvers, pour ses propos sur l’aide aux séropositifs…

Mais je devais le faire ! Il y a la loi, quand même !

Une nouvelle stratégie face à la N-VA ?

J’aurais fait pareil si ça avait été les Verts. J’ai aussi eu une explication virile avec le bourgmestre de Gand, Daniel Termont (SP.A), parce qu’il disait des choses fausses : que j’étais là pour forcer le retour des familles. Ça aussi, ça m’avait choquée !

Votre philosophie, en politique, c’est le bon sens, la sincérité ?

Je n’ai jamais demandé à devenir secrétaire d’Etat. Quand on m’a proposé le poste, j’ai dit que je voulais le faire en m’investissant totalement. Exactement comme quand j’étais médecin. Il ne faut pas penser à sa carrière mais à la tâche qu’on a. On me demande parfois ce que je vais faire après ; je n’en sais rien, je ne me pose pas la question, je travaille. Et si j’obtiens des résultats, si j’arrive à changer des choses, je serai satisfaite.

Comment êtes-vous arrivée en politique ?

J’avais envie de changer les choses. Ce que je ne pouvais pas faire en tant que médecin dans ma petite commune.

On est venu vous chercher ?

Ah non ! Un dimanche, j’ai écrit une lettre à Verhofstadt pour dire qu’il fallait avoir quelqu’un, au VLD, qui connaisse le social, que je n’en voyais pas, et que c’était peut-être pas mal d’avoir un médecin.

Il vous a répondu ?

Il m’a invitée pour discuter. Mon mari m’a dit : « Ça va durer dix minutes. » Je suis restée une heure et demie. C’était en 1998, en 1999, j’étais élue à la Chambre.

Votre mari vous a vue encore moins qu’avant ?

Il est pareil. Il a été actif 30 ans dans la politique communale, en tant qu’échevin et président du CPAS. Maintenant, ma fille est présidente du CPAS. Notre famille est très engagée.

La médecine ne vous manque pas ?

Je suis médecin pour la vie, ça ne s’oublie pas. En trois mois, je serais de nouveau opérationnelle.

A votre arrivée au gouvernement, vous avez récolté une pluie de commentaires désobligeants sur votre physique.

On fait ça surtout à l’égard des femmes. Helmut Kohl aussi, il était assez fort mais on disait que c’était un homme important. Nicolas Sarkozy, par contre, il est très petit et mince mais on dit aussi que c’est un homme important. On ne dit pas qu’il est petit.

Cela vous a peinée, fâchée ?

Oh non, c’est la réalité, on est comme on est. Il faut voir l’intérieur, pas le packaging. Ce qui m’a choquée, c’est qu’on disait : « Elle n’est peut-être pas bête » – peut-être ! – « mais elle ne connaît rien aux matières ». Je suis médecin, j’ai eu mon diplôme avec grande distinction, je n’ai pas eu plus de morts que mes confrères. J’avais de bons points comme parlementaire, je connaissais bien mes dossiers. Mais on disait : « Elle n’est peut-être pas bête » !

Donc, les critiques…

… m’ont choquée parce qu’elles portaient sur mes capacités intellectuelles. Et pas sur le physique. Je sais bien que je ne suis pas une mannequin. Mais j’ai une intelligence suffisante pour entrer au gouvernement.

Vous aimez votre job ?

Oui, ah ça oui ! Si on me proposait de faire quelque chose d’autre, je refuserais, je veux terminer ce que je suis en train de faire.

Et après ? Vous allez vous investir pour votre parti ?

Je le fais déjà ; je suis vice-présidente. Notre parti a des idées pour l’avenir, à dix, trente ans. Je veux m’investir là-dedans !

Avant, il y a 2014, le VLD est à la traîne.

Il reste plus qu’un an. Ce gouvernement travaille bien. Mais quand il manque 18 milliards, il faut aller les trouver !

Ce sera difficile à expliquer aux électeurs ?

Les gens préfèrent toujours ceux qui promettent le paradis. Mais il faut être réaliste, voir et dire la vérité.

En Flandre, il y a quelqu’un qui promet le paradis.

Maintenant qu’ils ont le pouvoir dans des communes, ils seront plus réalistes. Du moins j’espère. Et leurs scores vont baisser.

Vous croyez ?

J’espère.

Et l’Open VLD va remonter ?

Je ne m’occupe pas des autres partis. Moi je suis très libérale, je veux surtout que nos idées soient transmises aux générations futures. Du reste, la politique, c’est comme l’économie : il y a des cycles. J’espère qu’on a atteint le creux de la vague et que maintenant on va remonter.

« Avant, notre pays avait l’image de l’Eldorado pour les migrants. C’est fini ! »

Vous êtes là depuis quinze mois. Cet hiver, il n’y a pas eu de crise de l’accueil.

(frappe la table) Touchons du bois, il fait encore froid ! Quand je suis arrivée, c’était Mission impossible. Les départements que je gère (NDLR : Fedasil et l’Office des étrangers) étaient en crise profonde, depuis des années. Chaque hiver, il y avait des gens dans les rues. Le système d’accueil craquait de partout.

Qu’avez-vous fait ?

Avant même d’avoir des ordinateurs au cabinet, on a réuni les administrations d’accueil et d’asile, qui ne travaillaient pas dans le même sens. Il fallait coordonner leurs actions. Quand je suis arrivée, il y avait 400 personnes dans les rues. Au dispatching de Fedasil, ils devaient chaque jour « trier » les gens, décider qui avait droit à l’accueil. C’était très, très dur pour eux. Depuis le 23 janvier 2012, tous les demandeurs ont une place.

Votre politique d’asile…

Je la veux humaine mais aussi correcte et cohérente. On dit que je suis dure ? Etait-ce si humain d’envoyer des gens dans les rues ? Correct, c’est à l’égard des demandeurs mais aussi des citoyens belges, du système social : on doit traquer la fraude.

Concrètement ?

On a pris une série de mesures. Comme la liste « des pays sûrs », pour lesquels la procédure est réduite à quinze jours ; cela nous a beaucoup aidés pour les Balkans. La Chambre a adopté jeudi un texte qui lutte contre les demandes d’asile multiples. Les places d’hôtel pour les demandeurs, c’est fini depuis décembre ; c’était désastreux pour l’image du pays. On traite les nouvelles demandes dans un délai raccourci : en 2012, 101 jours en moyenne. Résultat : la pression sur notre réseau d’accueil a fort diminué. On a déjà fermé deux centres.

D’autres suivront ?

Bien sûr ! D’abord les centres de transit. Houthalen, Dinant et Gembloux vont fermer.

Vos mesures paient ?

Elles ont permis de réduire le nombre de demandes d’asile de 15,8 % en 2012. C’est exceptionnel en Europe. L’OCDE a examiné les chiffres cette semaine : il n’y a qu’en Belgique et aux Pays-Bas que la tendance migratoire est à la baisse. D’ailleurs, Manuel Valls m’a contactée pour voir quelles mesures nous avons prises.

C’est lui qui a pris l’initiative ?

Il avait rendez-vous avec Joëlle Milquet et a demandé à me rencontrer. Il est venu ici.

Vous êtes pionnière ?

Il faut une harmonisation européenne. On a intérêt à travailler ensemble. On le fait déjà pour les retours.

Certains vous le reprochent !

On a beaucoup travaillé sur le retour volontaire, qui représente 49,5 % des retours. Du jamais-vu. On a aussi plus de retour forcé : + 3,7 %. C’est nécessaire mais le retour volontaire est plus humain.

Vous avez modifié drastiquement la politique d’asile ?

Il faut que les gens sachent qu’en Belgique, on ne peut pas rester quand la décision est négative. Avant, un ordre de quitter le territoire, c’était un simple papier. Maintenant, on exécute les décisions. Cela nous a donné une autre image à l’étranger. Regardez les chiffres : il y a une rupture ! Entre 2008 et 2011, on a créé 8.000 places d’accueil ! Imaginez-vous, si rien n’avait changé : on aurait dû créer 12.000 places en 2012 ! Le système ne pouvait tenir. En plus, les centres, c’étaient des casernes, des conteneurs ; ce ne sont pas des endroits où vous auriez envie de vivre avec votre famille ! On a donc radicalement changé notre vision : cela doit être autre chose que la création permanente de nouvelles places.

C’est votre vision ?

Et celle du gouvernement. C’est d’ailleurs pour ça que mes collègues ont toujours collaboré avec moi ! Pour augmenter les retours, il faut de l’argent ; je l’ai obtenu quand je l’ai demandé. Chaque mois, je fais rapport au conseil des ministres. Il n’y a jamais de remarque.

On vous a critiquée pour avoir durci la politique de régularisation médicale.

(véhémente) Faux ! Archifaux ! Avant, les demandes passaient d’abord par le filtre administratif : on vérifiait que les documents requis étaient dans le dossier. Et puis l’examen médical : là, on vérifie la gravité de l’état, la disponibilité des traitements dans le pays d’origine… Maintenant, on fait d’abord le filtre médical. Résultat ? Quelqu’un qui est très malade a sa régularisation médicale beaucoup plus vite. Ce n’est pas plus strict, c’est plus honnête. Avant, c’était un canal de migration. En 2011, il y avait 10.000 demandes. Ce n’est pas normal, il y avait des abus. Favorisées par des filières, par certains médecins.

Vous constatez d’autres problèmes ?

Les mariages et cohabitations de complaisance. On a un projet de loi pour lutter contre ça. Et puis, il y a la réforme du pro deo. Certains demandeurs introduisent recours sur recours, parce que leur avocat leur dit parfois que c’est ce qu’il faut faire.

Il y a des abus ?

On a beaucoup de recours : certains ont 8, 9, 10, 11 demandes d’asile, toutes négatives ! Est-ce que tous les citoyens doivent payer ça ? Est-ce normal ? Je suis pour le pro deo mais il ne faut pas en abuser. Aujourd’hui, c’est un élément qui rend la Belgique attractive. Aux Pays-Bas, on ne peut pas multiplier les recours. Avec la réforme, on ne va plus rémunérer les avocats quinze fois pour quinze recours. Avant, l’image de notre pays, c’était l’Eldorado. C’est fini !

Vous avez encore des choses à faire d’ici à la fin de la législature ?

Travailler sur la qualité de l’accueil. Préparer notre réseau à faire face à un afflux dû aux guerres, aux conflits. On travaille aussi sur certains pays qui sont dans le top 10 du nombre de migrants. Je vais aller en Guinée pour dire que ce n’est pas parce qu’il y a une ligne Conakry-Bruxelles qu’on doit venir en Belgique, et qu’on peut acheter un ticket aller ET retour. Je veux aussi que notre pays soit ouvert aux gens qui sont dans le besoin. Nous avons par exemple de bons hôpitaux, notre expertise doit servir à soigner des ressortissants d’autres pays. En résumé : un pays ouvert, pas une terre de migration illégale.

De nombreux ressortissants des Balkans continuent à arriver.

J’ai été très dure avec les Balkans. Il y a des raisons économiques chez eux, je sais, mais chez nous aussi, il y a la crise, on a aussi de la pauvreté !

« Se demander ce qu’on peut faire pour aider »

Vous êtes aussi en charge de la lutte contre la pauvreté. N’êtes-vous pas impuissante en la matière ?

Non, bien sûr que non ! La situation est complexe : il y a les communes, les CPAS, les Régions, les Communautés, et le fédéral qui doit coordonner tout ça. Oui, c’est compliqué, oui c’est difficile de prendre des décisions rapides. Mais ce n’est pas impossible ! Loin de là ! Quand on veut, on peut !

Les indicateurs sont au rouge : 15 % des Belges sont sous le seuil de la pauvreté !

Et c’est chez les enfants que l’augmentation est la plus forte. Il n’y a pas de solution magique. Il faut aider les gens mais en les laissant gérer leur sort eux-mêmes. Il ne faut surtout pas les enfermer dans l’assistanat, décider à leur place ce qu’ils doivent manger, s’ils peuvent avoir un chien ou un chat.

Concrètement ?

Priorité à l’activation. Il vaut toujours mieux avoir un boulot, à condition qu’il y ait un revenu à la clé ! En Allemagne, il y a des gens qui ont un boulot mais gagnent 400 euros par mois, je n’appelle pas ça un boulot ! Chez nous, il est important que l’enseignement soit davantage en phase avec le marché du travail.

Mais que faites-vous pour ceux qui sont déjà sortis de l’école ?

On a créé des stages pour les gens sans diplôme. Certaines usines sont prêtes à les accueillir, pour former des carrossiers, des soudeurs. Il y a aussi beaucoup d’opportunités dans le secteur des soins. Mais il est vrai que ce n’est pas de 9 h à 15 h. Or, les jeunes aiment bien avoir une vie après leur boulot. A côté de ça, il y a des gens qui sont trop éloignés du marché du travail ; eux, il faut les activer socialement. Personne ne peut rester en dehors de la société. A cet égard, le secteur de l’économie sociale permet de guider les gens.

Les CPAS ne s’en sortent plus.

Ils ont beaucoup d’argent mais ils ont aussi beaucoup de missions. J’ai déjà rencontré deux fois tous les patrons de CPAS ; je leur ai dit que je ne pourrais pas doubler leurs effectifs. Alors, on va être créatifs et réduire les tâches administratives. Pour revenir à la définition initiale du métier d’assistante sociale, qui allait avec sa petite valise chez les gens. Il y a beaucoup de pauvreté cachée derrière les portes d’entrée. Comme médecin, je le voyais aussi.

Les résultats sont moins tangibles qu’en matière d’asile.

Mon rôle est de tirer tous les ministres dans le bain ! Le Premier ministre a ri quand j’ai dit ça. Mais c’est nécessaire. Moi, je dois coordonner les efforts et être créative.

Un exemple de créativité ?

La Croix-Rouge est venue me voir pour qu’on donne, comme en France, un « kit hygiène » pour les SDF. On n’avait pas d’argent. Je suis allée demander de l’aide chez Belgacom, à la SNCB, la Poste, au Voka. Beaucoup nous ont aidés !

C’était votre idée ?

(sourire) Je les ai invités. Ça sert d’avoir des amis. Ils pouvaient dire non ! Il ne faut jamais oublier que nous, on gagne notre vie, mais certains n’ont même pas d’argent pour s’acheter du dentifrice. Il ne faut pas se dire « ils ne sont pas propres », il faut se demander ce qu’on peut faire pour les aider.

demandes d’asile

–15,8 % Entre 2011 et 2012, le nombre de demandes d’asile enregistrées dans notre pays a diminué de 15,8% : 21.461 (2012) dossiers contre 25.479 (2011). Une réduction marquée, atypique en Europe. C’est surtout un infléchissement très net par rapport à la tendance de ces dernières années, toujours en hausse.

accueil

0 Depuis le 23 janvier 2012, plus aucun demandeur d’asile ne se voit refusé dans les centres d’accueil. Une situation qui est restée stable tout au long de l’année 2012, en particulier au cours de l’hiver qui s’achève. Par ailleurs, depuis décembre 2012, plus aucun mineur non accompagné n’est hébergé dans un hôtel.

retours

49,5 % C’est la proportion des retours volontaires par rapport au nombre total. En chiffres absolus, 5.644 retours volontaires ont été enregistrés l’an dernier, sur un total de 11.386 dossiers. En 2011, on en comptait 3.870 sur un total de 10.313. Pour encourager cette formule, 300 places de retour ont été créées dans quatre centres ouverts.

Maggie De BlockMaggie De Block est née le 28 avril 1962 à Merchtem. Elle est l’épouse de Luc Asselman,

Maggie

De Block

Maggie De Block est née le 28 avril 1962 à Merchtem. Elle est l’épouse de Luc Asselman, ex-échevin et ex-président de CPAS à Merchtem. Son frère, Eddie De Block, est bourgmestre dans la même commune. Et sa fille est désormais présidente du CPAS. Son deuxième enfant, Jan, n’a pas encore contracté le virus de la politique. Médecin généraliste, elle est devenue députée en 1999, et secrétaire d’Etat fin 2011.

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