Yvan Mayeur: "A travers Mme Peraita, c'est moi qu'on vise"

12 novembre 2013

http://www.rtbf.be/info/belgique/detail_yvan-mayeur-a-travers-mme-peraita-c-est-moi-qu-on-vise?id=8132057

Yvan Mayeur a défrayé la chronique ces dernières semaines. Tout d'abord avec l'affaire du Samu social avec le salaire, le logement et puis la nomination voulue par le PS de Mme Peraita au CPAS de Bruxelles. Et puis surtout avec sa future nomination en décembre prochain comme bourgmestre de Bruxelles, en remplacement de Freddy Thielemans, qui s'en va un an à peine après avoir été élu. Yvan Mayeur était l'invité, sans langue de bois, du Grand Oral Le Soir La Première. Il répond aux attaques, dézingue Joëlle Milquet et nous présente son projet pour Bruxelles, qui joue notamment sur l'urbanisme et la développement de l'activité économique intra muros.

Les électeurs bruxellois n'ont-ils pas de le droit de se sentir un peu floués avec ce départ de Freddy Thielemans un an après avoir été élu et votre désignation pour le remplacer. Ce qui n'était pas dit durant la campagne électorale . C'est comme si on leur avait vendu un plat qui n'était pas le bon ?

YM- "Je pense que ce que nous avons dit aux électeurs pendant la campagne était clairement ça (qu'on votait pour une équipe). Maintenant il y a une chose qu'on dit aux gens dans la rue, quand on les rencontre sur les marchés, quand on va à la rencontre de la population. Les gens savent que nous sommes une équipe et savent qui va jouer quel rôle. Et puis, il y a les réponses qui sont faites aux journalistes, aux médias, voilà . Je pense qu'il y a une différence entre les deux."

Cela aurait quand même été plus clair pour tout le monde si vous aviez dit, dès le départ, " on y va à deux ". " Oui sans doute que ça aurait été plus clair. Mais je ne sais pas vous réécrire l'histoire médiatique."

Etait-il clair dans votre tête que vous auriez la main en décembre 2013 ? "Non parce qu'il fallait évidemment que lui-même décide de la date de son départ donc moi évidemment j'étais incapable, et quiconque, à l'intérieur du PS, était incapable de dire c'est à telle date." Il l'a décidé lui-même ? "Oui"

"Le net poche de Mme Peraita oscille entre 4200 et 4800 par mois"

YM- "Madame Peraita a un salaire, qui est fondé sur un barème de la région bruxelloise, de directeur donc il y a une référence barémique. Donc, on n'a pas négocié, parenthèse, comme Madame Milquet l'a fait pour l'administrateur délégué de la mission locale pour l'emploi de Bruxelles, on n'a pas fait un salaire négocié sur un coin de table comme elle l'a fait. À ce barème vous devez ajouter des prestations inconfortables de nuit et de week-end . Le net poche de Madame Peraita oscille, selon les saisons évidemment puisque vous comprenez bien qu'il y a des différences dans les saisons dans son métier, entre 4200 et 4800 euros par mois. Voilà la vérité des chiffres.

Plus un logement de fonction ? "Non elle n'a pas de logement de fonction, elle paie 1100 euros de loyer pour un logement trois chambres de 83 mètres carrés qui a été attribué à Madame Peraita il y a deux ans. Elle n'était pas du tout en politique et cet appartement lui a été attribué par le CPAS parce qu'elle le demandait pour être à proximité du Samu social étant donné qu'elle est corvéable à merci. Et tout le conseil, à l'unanimité, élus cdH compris, a voté en faveur de l'octroi de cet appartement contre loyer conséquent, 1100 euros par mois, à Madame Peraita."

"A travers Mme Peraita, c'est moi qu'on vise"

YM- Vous avez des images, depuis des années, de son travail, vous connaissez son abnégation, son engagement par rapport à son métier social et vous savez quoi ? Si elle n'avait pas été candidate présidente du CPAS, on n'en parlait pas aujourd'hui. C'est simplement parce que depuis un mois, Madame Milquet ." On vous vise vous à travers elle ? "Mais bien entendu. Madame Milquet sent que le mouvement est en train de se faire, qu'elle me vise évidemment. Et donc, on tape dans tous les sens, sur tout ce qui bouge pour essayer de dénigrer, salir et franchement, à l'égard des personnes, c'est insupportable."

Pascale Peraita sera présidente du CPAS ? "Mais bien entendu, nous l'avons décidé. Il faut voter tout cela dans les instances mais c'est le choix que porte le PS et qui sera présenté en assemblée générale du PS. Nous avons eu un vote du comité du PS de Bruxelles cette semaine, plus de 50 personnes ont voté pour"

"Sur le plan humain, Mme Milquet va devoir faire des efforts. Elle ne me dit plus bonjour"

Retravailleriez vous avec Mme Milquet?

YM- "En politique, rien n'est impossible mais je pense que sur le plan humain, elle va devoir faire des efforts. Par exemple, commencer par me dire bonjour, c'est une chose qu'elle ne fait pas depuis un long moment déjà, . Il faut maintenant à un moment peut-être aussi dire les choses, je n'attaque pas en-dessous de la ceinture, je dis la vérité, cette dame ne sais pas me dire bonjour bon ben voilà, c'est un problème. Je pense qu'il y a un problème relationnel là quand même qui se pose."

Il y a surtout le fait qu'elle aurait bien aimé devenir bourgmestre de la plus grande ville du pays. Et, c'est vous . "Vous avez bien compris."

C'est vous qui l'avez empêchée de rester dans cette coalition. "Non, c'est tout le PS. Mais vous croyez que moi je suis capable, tout seul, de dire à Freddy Thielemans, à Philippe Close, à Karine Lalieux, à Faouzia Hariche, à tous ." Tout le PS de la ville de Bruxelles ? "Mais bien entendu."

"A Bruxelles, il y a une situation sociale explosive. "

Bruxelles n'est-elle pas une bombe sociale, culturelle et même ethnique ? Il y a un rapport rendu cette semaine sur un certain public jeune qui ne se reconnait dans aucune autorité. Allez-vous pouvoir travailler avec eux et comment ?

"Il y a deux choses différentes. Je pense qu'il y a une situation sociale qui est explosive, je le dis depuis 18 ans et ce que j'ai observé en 18 ans, c'est que la situation n'a eu de cesse de se dégrader. Nous n'avons pas eu de répit social en 18 ans et moi ça m'inquiète très fort, je n'ai eu de cesse de tirer des sonnettes d'alarme et il faut bouger, on a trop tardé à bouger, il faut avancer."

Vous craignez des émeutes ? "C'est embêtant de parler de ça dans les médias, je m'excuse. Non, je vais le faire mais comprenez que pour moi c'est embêtant. Mais oui, c'est ce qui me fait peur. Parce que nous avons un système social qui parvient à sauvegarder quand même un peu de dignité aux gens, un peu de solidarité pour les gens, mais sinon, dans d'autres contextes. Cela, en France, c'est l'explosion. C'est l'explosion sociale dans la rue."

Allez-vous rester député fédéral jusqu'en 2014 et après, serez aussi candidat ou resterez-vous à temps plein sur la ville de Bruxelles ?

"Moi j'aimerais bien qu'on supprime les cumuls mais pour ça il faut changer de système. Le système actuel fait que quand vous ne rencontrez pas l'interlocuteur dont vous avez besoin à un autre niveau de pouvoir, vous n'avancez pas dans vos projets." Donc vous serez candidat député fédéral et vous siégerez si vous êtes élu ?"Je serai candidat pour défendre Bruxelles et les Bruxellois, bien entendu que je serai candidat."

Si jamais on vous propose un poste, dont je sais que vous avez beaucoup rêvé en vous rasant le matin et en vous couchant le soir, ministre des Affaires sociales, si on vous le propose, qu'est-ce que vous ferez ? "J'ai pris l'engagement d'être bourgmestre de Bruxelles, je maintiens cet engagement." Ce n'est pas un serment à la Thielemans ? "Jusqu'au bout de la législature".

"Il y a un problème de dimension des communes bruxelloises"

Seriez-vous pour des fusions de communes sur Bruxelles qui permettraient de mieux articuler la collaboration entre les communes et la région ?

"Je pense que la taille des communes importe. Don, je pense que oui, il y a un problème de dimension et donc si les réformes de structures peuvent intervenir entre Bruxellois, décidées par les Bruxellois, pour les Bruxellois, moi je suis d'accord." Donc vous êtes plutôt favorable dans l'absolu, les 19 communes, ce n'est pas quelque chose qui est éternel pour vous ? "Oui mais il faut trouver une taille adéquate de gestion d'entreprises publiques que sont les communes et ce qui tourne autour des communes, les CPAS, les maisons de repos, etc. Et ,je pense qu'il faut aller vers l'avant."

RTBF avec Le Soir

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