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Union des Locataires de Saint-Gilles asbl
2 juillet 2021

Inégalités renforcées, pauvreté en augmentation : Bruxelles est la région qui paie le plus lourd tribut à la crise sanitaire

https://www.rtbf.be/info/regions/detail_inegalites-renforcees-pauvrete-en-augmentation-bruxelles-est-la-region-qui-paie-le-plus-lourd-tribut-a-la-crise-sanitaire?id=10795929

Aline Wavreille
Publié le vendredi 02 juillet 2021 à 11h22

Le coronavirus, la crise sanitaire et économique ont frappé durement Bruxelles. Les files qui se sont allongées devant les distributions de colis alimentaires le laissaient deviner, les demandes de chômage temporaire, droit passerelle, les appels à l’aide du secteur de l’Horeca, le dénombrement des personnes sans-abri aussi. Les signaux étaient au rouge, mais dans quelles mesures ? L’Observatoire de la santé et du social de la région bruxelloise affine cette réalité dans son rapport baromètre de 2020.

Bruxelles, la région la plus touchée

La crise sanitaire et économique, les confinements à répétition, ont fait trembler les trois régions. Mais Bruxelles est celle qui a le plus souffert. Dans le baromètre 2020 de l’Observatoire de la santé et du social, on y lit que 30% des Bruxellois déclarent avoir perdu des revenus en mars 2021 (contre 23% en Wallonie et 18% en Flandre).

Les indépendants souffrent tout particulièrement de la crise : en Région bruxelloise, un peu plus de 60% des indépendants déclarent une détérioration de leur situation financière en mars 2021.

Un contexte déjà fragile

La crise a frappé fort dans un contexte qui était déjà très fragile en région bruxelloise.

Une personne sur trois vit sous le seuil de risque de pauvreté. Cela signifie qu’une personne isolée vit avec moins de 1250 euros et un couple avec deux enfants avec moins de 2600 euros nets par mois. 40% des enfants bruxellois vivent sous ce seuil.

Le rapport souligne qu’avant la crise, un quart des élèves qui fréquentent l’enseignement secondaire présentent un retard scolaire de minimum deux ans. Le rapport s’inquiète des conséquences des cours en distanciel qui ont duré plusieurs mois pour les années du deuxième et troisième cycle du secondaire ?

Bruxelles est aussi une ville-région de locataires (60%), l’accès au logement y est de plus en plus compliqué. Dans l’Observatoire des Loyers de 2018, on y lisait que "quel que soit leur âge, 50% des locataires dépensent plus de 40% de leurs revenus pour s’acquitter de leur loyer".


►►► A lire aussi : Il faut débourser en moyenne 1100 euros pour louer un appartement à Bruxelles


Bref, avant la crise déjà, de nombreux Bruxellois peinaient à joindre les deux bouts, à se loger et à garder la tête hors de l’eau, à l’école. La crise n’a rien arrangé.

Ceux qui passent entre les mailles du filet

2020 a par exemple vu une augmentation de près de 10% des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale. Dix fois plus que les deux années précédentes. Des chiffres plus élevés qu’en Wallonie et en Flandre.

Pourtant, souligne Marion Englert qui a coordonné le baromètre social, "notre système de protection sociale est assez efficace. Il a permis de réduire la catastrophe sociale suite à cette crise. Les personnes qui ont pu bénéficier du chômage temporaire ou du droit passerelle ont subi des pertes de revenus mais elles ont été relativement bien protégées parce qu’elles ont eu accès à une série d’autres droits sociaux conditionnés à ces statuts".

"Le problème principal réside au niveau de certains travailleurs précaires, certains artistes, des étudiants, des personnes sans papiers qui n’entrent pas dans ce système de protection sociale et passent entre les mailles du filet, parce qu’elles ne sont pas dans les conditions pour en bénéficier, qu’elles ne travaillaient que quelques heures par semaine, n’avaient pas de contrat stable, sont passées de l’emploi au chômage".

Le rapport souligne que la baisse des revenus subie par une partie de la population, en particulier parmi les personnes moins favorisées, augmente les risques d’accumulation des reports de paiement et de surendettement, "notamment en termes d’arriérés de loyer (et donc de risque d’expulsions), de dettes énergétiques (et donc de risques de coupures de courant) et de factures d’eau". Par ailleurs, "la fin du moratoire sur les expulsions domiciliaires laisse présager un rythme d’expulsions effectives plus élevé par rapport aux chiffres des années d’avant crise".

Ce que les chiffres ne disent pas

Les indicateurs parlent de manière assez fine des conséquences de cette crise, mais ils ne disent pas tout. Les personnes qui n’ont pas eu accès à de l’aide, alors qu’elles y ont le droit n’y figurent pas. C’est un chiffre qui restera flou, ces personnes pour qui c’est compliqué de remplir des formulaires, en raison de la langue ou de la fracture numérique puisque les services se sont numérisés dans un temps record.

Le baromètre souligne aussi que c’est à Bruxelles que se trouve la majorité des personnes sans-papiers, si l’on en croit la proportion de dossiers d’aide médicale urgente, le seul droit auquel les personnes sans-papiers ont accès : 66% de ces dossiers sont ouverts à Bruxelles, avant la crise.


►►► A lire aussi : Sans-papiers en grève de la faim : la piste de la pandémie comme "circonstance exceptionnelle" en vue d’une régularisation


Des inégalités renforcées

Bruxelles a donc payé un lourd tribut à la crise sanitaire. Mais pas de manière uniforme. Ce sont les personnes les plus précarisées qui ont le plus souffert. A l’échelle belge, le taux d’épargne a lui presque doublé.

Les personnes aisées n’ont quant à elles généralement pas subi de pertes de revenus voire ont pu économiser de manière plus importante

La crise est venue renforcer les inégalités sociales déjà fort présentes sur le territoire bruxellois. Marion Englert de l’Observatoire de la santé et du social détaille : "A Bruxelles, les personnes cadres et dirigeants d’entreprises gagnent encore plus que dans les deux autres régions. Et les ouvriers non-qualifiés gagnent quant à eux, moins qu’ailleurs. Il y a donc à Bruxelles une surreprésentation à la fois des personnes faiblement scolarisées et hautement scolarisées au détriment de la classe moyenne. On est dans ce cadre-là. Et la crise est venue renforcer ces inégalités, puisque les personnes les plus précarisées sont souvent celles qui ont perdu leur emploi ou ne rentraient pas dans les conditions pour être protégées. Les personnes aisées n’ont quant à elles généralement pas subi de pertes de revenus voire ont pu économiser de manière plus importante. Donc les inégalités se sont clairement creusées suite à la crise".

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