La route tue davantage les pauvres
http://www.lesoir.be/actualite/monde/la-route-tue-davantage-les-2009-06-15-712467.shtml
Neuvième cause de décès à l'échelle mondiale en 2004, l'une des trois premières chez les 5-44 ans, ces accidents varient très fortement en fonction du niveau social, « les plus défavorisés y étant plus exposés que les plus aisés », révèle l'étude menée dans 178 pays.
Ainsi, plus de 90 % des accidents surviennent dans les pays à revenu « faible ou intermédiaire » alors que ces pays ne comptent que 48 % du parc mondial de véhicules. Mais « même dans les pays à revenu élevé, les pauvres sont touchés de manière disproportionnée ».
L'étude s'alarme en particulier du fait que près de la moitié (46 %) de ces 1,2 million de victimes sont des usagers dits « vulnérables » -- piétons, cyclistes et motocyclistes. Là encore, la proportion est plus élevée dans les pays pauvres, bondissant par exemple à 70 % dans la région Pacifique occidentale, et jusqu'à 80 % en Thaïlande.
Certes, note-t-elle, le taux de mortalité imputable aux accidents de la route s'est « stabilisé ou a baissé dans beaucoup de pays à revenu élevé ces dernières années ».
« Les questions de sécurité routière ont davantage retenu l'attention au niveau international et on a constaté, dans certains pays, que la volonté politique se renforçait », se réjouissent les auteurs du rapport.
Mais « dans la plupart des régions du monde, cette épidémie continue à prendre de l'ampleur ». Si bien que « si rien n'est fait pour contrer cette évolution », ce nombre atteindra 2,4 millions par an d'ici 2030, faisant du phénomène la cinquième cause de décès à l'échelle planétaire, mettent-ils en garde.
« Aucun pays ne peut se relâcher et prétendre n'avoir plus rien à faire en matière de sécurité routière », insistent-ils. Même les pays « les meilleurs », tels que les Pays-Bas, le Royaume Uni ou la Suède, « peuvent encore beaucoup améliorer leur situation ».
En Suède, par exemple, les accidents de la circulation sont à l'origine de 20 % des décès d'enfants âgés de 5 à 19 ans, relève-t-elle.
Signe tangible que d'importants efforts restent à faire, moins de la moitié des pays du globe disposent d'une législation permettant de lutter contre les « cinq facteurs de risques » que sont la conduite en état d'ébriété, l'excès de vitesse, le port du casque, de la ceinture de sécurité et l'utilisation de dispositifs de sécurité pour enfants.
Seuls 9 % des pays considèrent que les limitations de vitesse sont correctement appliquées, relève l'étude.
Plus de 90 % des pays disposent d'une législation nationale sur la conduite en état d'ébriété « mais 49 % seulement des pays ont fixé un seuil légal d'alcoolémie inférieur ou égal à 0,05 g/dc, comme le recommande le Rapport mondial (de l'OMS et de la Banque mondiale, ndlr) sur la prévention des traumatismes dus aux accidents de la circulation » paru en 2004, ajoute-t-elle.
L'étude note encore que « seuls 40 % des pays disposent d'une loi qui rend obligatoire le port du casque pour les conducteurs et les passagers de motocycles et qui prévoit que les casques doivent répondre à une norme nationale ou internationale précise ».
Quant au port de la ceinture de sécurité, il n'est obligatoire à l'avant et à l'arrière que dans 38 % des pays à revenu faible et dans 54 % des pays à revenu intermédiaire.
L'étude relève en outre qu'au niveau mondial, les accidents de la circulation entraînent 518 milliards de pertes pour l'économie et coûtent aux pays entre 1 et 3 % de leur produit national brut, « soit plus que ce qu'ils reçoivent au titre de l'aide au développement ».
(D'après Belga)