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Union des Locataires de Saint-Gilles asbl
9 juin 2011

Les indignés de Flagey

http://archives.lesoir.be/les-acteurs_t-20110609-01FCZU.a.html?&v5=1

Une dizaine de tentes et quelques tonnelles forment le deuxième campement des « indignés » à Bruxelles. Face à l’église Sainte-Croix à Ixelles, à deux pas de la place Flagey, ces installations disposent de logements, proposent des espaces de rencontres, une cuisine rudimentaire et bientôt une toilette sèche. Bref, un lieu de vie qui se développe de jour en jour.

Même si l’on est loin du succès de foule rencontré par le camp de la Puerta del Sol à Madrid, par celui de la place Syntagma à Athènes ou celui de la place de la Bastille à Paris, les similitudes sont manifestes. En cette fin de printemps, des jeunes de plusieurs pays européens ont décidé de manifester leur volonté de changement, d’exposer leurs idées pour un autre mode de vie.

Dans la capitale de l’Europe, le premier campement présent à Saint-Gilles depuis fin mai a stimulé ses sympathisants à multiplier l’expérience. Le but est de toucher des habitants d’autres quartiers. « Beaucoup de riverains sont attirés par notre présence, affirme un militant de la place Sainte-Croix. Il faut sensibiliser à partir du local ».

A proximité des arrêts de bus et de tram, René, paré d’un chapeau et de lunettes rondes fumées, anime le stand d’information en proposant des « flyers » ou quelques livres aux passants. Proche de la trentaine, ce jeune militant a terminé des études de journalisme. Il estime toutefois être incapable de s’exprimer librement à travers les médias actuels, qu’il considère tous dirigés par la règle du profit.

Très loquace, il affirme ne pas avoir une liste de revendications au travers de ce camp. Il souhaite par contre participer à un mouvement contestataire plus large. Selon lui, les différentes luttes segmentaires menées jusqu’aujourd’hui, comme celle contre la dette du tiers monde ou celle contre la spéculation financière par exemple, ont rempli leur mission : conscientiser la population. « Il est donc maintenant temps de rassembler les foules pour envisager la suite. Et comment attirer les regards, comment rassembler toutes ces personnes éveillées mais dispersées ? En proposant une image marquante, grâce à des centres névralgiques, comme ces camps sur des places publiques ».

Concrètement, des assemblées populaires sont organisées tous les jours. Afin d’établir les fondements d’un grand soir à Bruxelles ? Pas vraiment… Le premier objectif est la discussion, le partage d’opinions, d’expériences et de savoir. « La société actuelle ne favorise pas les échanges », regrette un jeune artiste. Sans porte-parole ou structure hiérarchique, les « agoras », comme les appellent ses participants, se prolongent parfois tard dans la nuit.

Au-delà des mots, ces indignés-là tentent aussi d’appliquer quelques concepts qui leur sont chers : se nourrir avec des fruits et légumes récupérés sur les marchés ou dans les épiceries, capter un bien aussi élémentaire que l’eau à une borne incendie, ainsi que favoriser la prise de décision à l’unanimité. « Nous voulons montrer que d’autres rapports sociaux sont possibles, que l’on peut vivre autrement. Trop de citoyens restent cloîtrés dans un modèle de société imposé. On ne leur en veut pas, on souhaiterait juste leur faire découvrir des alternatives ».

Ces campeurs d’un nouveau style sont souvent jeunes et sans revenu professionnel. Certains se connaissent via une radio associative, d’autres grâce à un potager collectif ou des activités en faveur des sans papiers. Tous se rejoignent sur un certain nombre d’idées, auxquelles ils ne veulent associer aucun parti politique ou syndicat. Bien qu’ils se revendiquent du même mouvement contestataire qui anime les principales villes européennes, les connexions avec d’autres camps se limitent néanmoins à des encouragements mutuels ou des émissions radiophoniques communes.

Pour l’instant, les autorités tolèrent cet aménagement de l’espace public, à condition qu’il soit propre et qu’il ne dérange pas le voisinage. Mais les indignés se doutent que leur installation n’est pas perpétuelle. Une jeune mère redoute un scénario : « Si les flics arrivent et qu’ils mettent fin à notre petit laboratoire de liberté, ce sera la fin d’un rêve… »

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