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Union des Locataires de Saint-Gilles asbl
12 septembre 2011

Le camp oublié des indignés

http://www.lesoir.be/regions/liege/2011-09-10/le-camp-oublie-des-indignes-862130.php

JOEL MATRICHE
samedi 10 septembre 2011, 15:44

Le camp oublié des indignés

Une prairie détrempée, des déchets difficiles à évacuer, une dizaine de sans-abri inquiets pour demain : ce qu’il reste du campement des indignés © Michel Tonneau

Aux indignés ont succédé les oubliés, il ne subsiste rien de l’effervescence des premières heures, des élans solidaires et des chants révolutionnaires, des banderoles et des braseros. Relégués dans une prairie boueuse du Fond des Tawes, sur les hauteurs de Liège, les sans-abri qui avaient accompagné le mouvement des Indignés place Saint-Lambert d’abord, place des Déportés ensuite, n’espèrent plus changer le monde : un toit, des toilettes et les pieds au sec sont des ambitions plus raisonnables et plus pressantes.

« Les indignés, on ne les a pratiquement plus vus, reconnaît Christian, « dans la rue depuis pas mal de temps déjà ». Ceux qui étaient étudiants ont repris les cours, les autres sont partis. » Ne restent dans le pré qu’une dizaine d’oubliés. Ils se partagent une poignée de tentes, gèrent leurs déchets comme ils peuvent « parce qu’on n’a pas de sacs poubelles, pas de conteneur », toussent et reniflent car « une semaine sous la pluie, ça vous amoche la santé. »

Vendredi, le ciel était sombre, le moral aussi : « Lundi, les policiers sont venus, raconte Dominique. Ils nous ont dit qu’on serait expulsés dans les cinq jours. On les attend mais pour aller où ? » « Pourquoi nous faire partir ?, reprend Christian. Ce sont les policiers qui, en nous expulsant de la place des Déportés, nous ont suggéré de venir ici. Et maintenant, on doit s’en aller… On ne gêne personne pourtant. Et où doit-on aller ? On n’a pas de solution de rechange, personne ne nous a rien proposé… L’idéal, ce serait un bâtiment vide, dont personne ne fait rien et dans lequel on pourrait passer l’hiver.»

Il n’y eut cependant pas d’expulsion vendredi : « Nous avons conclu un accord avec eux, ils doivent avoir déménagé pour le 19 septembre », précise-t-on au cabinet du bourgmestre. Mais de lieu d’accueil, il n’est pas pour autant question car « le plan de gestion oblige la Ville à vendre ses immeubles vides ». « Mais des aides individuelles restent bien sûr possibles, tempère la porte-parole de Willy Demeyer. Tous ceux qui se présentent seront reçus. »

Maria, une sans-abri d’origine grecque, espère mettre ce sursis à profit pour terminer la croix qu’elle posera, « aussi vite que possible », sur la tombe de Gino, son « compagnon depuis 21 ans », décédé dans le camp il y a deux semaines d’une insuffisance respiratoire. « Il est enterré pas loin, explique-t-elle en sortant d’une tente deux planches clouées, sur lesquelles il lui faut encore « agrafer une photo » et « écrire quelque chose. » «Je ne voulais pas être expulsée avant que ce soit fait, être obligée de partir, ma croix sous le bras, sans avoir pu lui donner une tombe digne de ce nom. »

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