Une convention précaire 5 étoiles

http://www.dhnet.be/dhjournal/archives_det.phtml?id=1354465

Hier, Emir Kir a eu la révélation d’un Gesù proprement occupé par ses 160 squatteurs. De bon augure...

SOCIALSAINT-JOSSE“Je suis terriblement ému.” À l’heure d’accompagner, ce jeudi, le maïeur tennoodois au coeur du squat de l’église Gesù, Victor, le représentant des ex-sans-abri, cachait mal son trouble. Dame ! Le socialiste Emir Kir avait lancé un véritable défi aux 160 habitant(e)s (dont une soixantaine d’enfants) de l’ex-couvent de la rue Royale.

Dès juillet 2012, nous nous étions fait l’écho de “batailles rangées” et de larcins pourrissant le quartier. “La criminalité n’émane pas du squat”, avait certifié l’Union des locataires marollienne (ULM). À contrario, l’amoncellement de déchets, rue Traversière...

“Il y a eu un resaisissement dans la gestion au quotidien”, a apprécié, hier, le bourgmestre, devant les monticules de crasses, patiemment déblayés du jardin central par les copains de Victor et des fonctionnaires communaux. Cet ouvrage de salubrité publique, Saint-Josse le prendra d’ailleurs à son compte.

Auparavant, les édiles (l’échevin de la Propreté, Mohammed Jabour, ne lâcha pas son boss d’une semelle) s’étaient enthousiasmé du sas qui, depuis le 18 mars, filtre les entrées. L’an passé, les fauteurs de trouble, une cinquantaine disait-on, rentraient comme dans un moulin dans l’édifice défiant le Bota d’en face.

“Volonté”. “Respect d’autrui”. “Propreté”. Le tryptique a incité Emir Kir à assurer les occupants d’un accompagnement dans leur recherche d’un autre logis. Non sans tirer à boulets rouges sur un “État fédéral défaillant” : “Nous dénonçons depuis des années une structure ne s’occupant pas de son public. Appel est fait à Fedasil pour qu’elle prenne ses responsabilités. Il y a des gens dans la rue, des squatteurs, des marchands de sommeil !”

Le permis d’urbanisme du 5 étoiles de luxe (75 chambres) ne traînera plus. Respect du vivre ensemble ou pas, le Suisse Philippe Buyssens bâtira son complexe de bars, de rests, comme ce fichu Royal Botanic auquel son groupe, Rosebud, rêve depuis 2004. Sauf qu’aujourd’hui, l’écoute prévaut. “Nous n’expulserons personne !”, insista Emir Kir. Et l’abbé Van der Biest (ULM) d’humaniser encore : “ll faut de la patience pour construire une société un peu moins inégalitaire...”

Guy Bernard