"Le 4 novembre , lors de l’expulsion des 220 occupants de Gesù , les responsables ont dit que personne ne serait à la rue. C’est inexact. Le constat est désolant : le bourgmestre (le PS, Emir Kir, NDLR) s’en lave les mains…"
Tant Alexis Deswaef, le président de la Ligue des droits de l’homme, que son confrère, l’avocat Georges-Henri Bauthier ou l’Union des locataires marollienne ont réitéré, mardi matin, un appel mille fois lancé aux pouvoirs publics, en trois mois : "Cessez ce ping-pong entre commune, Région, fédéral et Samusocial. 120 personnes vivent encore dehors. Nous voulons une occupation digne. Et pendant ce temps-là, Gesù est vide", résuma le second.
Parmi ceux qui séjournèrent rue Traversière, 92 personnes ont été relogées, comptabilise Emmanuelle Rabouin (ULM) : "47 à St-Josse; 2 dans des logements de transit, à Molenbeek; 41 à la Febul; et 2 chez l’abbé van der Biest". Pour les autres, pour tous les autres, c’est toujours le royaume de la débrouille.
"Mardi à 22 h, au Samusocial, on a dit à 4 familles slovaques qu’elles devaient partir le lendemain et aller au Samusocial du Botanique", raconte Marta, une jeune Slovaque. "Puis, on nous a conseillé de ne pas y aller car c’est trop dangereux pour les enfants."
L’absurdité du " drame humanitaire" saute d’autant plus aux yeux qu’en novembre, le Samusocial reçut un million pour l’accueil urgent. Pire : saturé, l’organisme de la Ville vient d’obtenir un demi-million de plus. "Avec cette somme, respecteront-ils leurs promesses ?", s’interroge, amer, Alexis Deswaef.
Face à cette "incurie", ces défenseurs des plus pauvres réclament à toutes forces la réquisition d’un bâti. Pour un projet pacifique. À long terme. Avec des moyens. "Le Familistère Godin, près du pont Van Praet ?", rêvent-ils. "Nous n’occuperons rien sans autorisation." Mais…
Guy Bernard