Environ 60 personnes, selon la police de Bruxelles-Ixelles sur place, ont manifesté mardi à compter de midi sur la place Saint-Jean, à proximité du parlement bruxellois, pour déplorer la fin du moratoire contre les expulsions en région bruxelloise. Des manifestants ont au départ déployé des banderoles portant des messages du type "Pas d'expulsion sans relogement" et "Nous ne voulons pas retourner à la rue". La mobilisation s'est ensuite mue en un rassemblement plus sobre.

A l'initiative de cette action, le Front anti-expulsions, un collectif de mouvements qui militent pour le droit au logement et contre le sans-abrisme, appelle à prolonger une nouvelle fois cette mesure prise au début de l'épidémie de Covid-19, et ce afin que le gouvernement bruxellois mette ce temps à profit pour définir des mesures de protection favorables aux locataires en difficulté. Le moratoire proposé par la secrétaire d'Etat bruxelloise au Logement Nawal Ben Hamou a été adopté par le gouvernement bruxellois à la mi-mars. Initialement prévu pour courir jusqu'au 3 avril, il a été prolongé d'abord jusqu'au 3 mai, puis jusqu'au 30 juin et enfin jusqu'au 31 août.

"C'est la fin du moratoire et on s'attend à une vague d'expulsions sans précédent sur la région bruxelloise", souligne Chahr Hadji, membre du Front anti-expulsions. "On parle au minimum de 300 familles qui vont être expulsées dans les prochaines semaines. On est très inquiets pour ces familles parce que rien n'a été mis en place et parce qu'aujourd'hui le secteur de l'aide aux sans-abri est déjà totalement saturé, sous pression, en difficulté pour accueillir tout le monde. On a peur que tous ces gens finissent à la rue. (...) On demande une prolongation encore du moratoire pour que des mesures structurelles puissent être mises en place, notamment sur tout ce qui tourne autour de la prévention de la perte du logement". La réouverture au public des hôtels réquisitionnés pour les sans-abri pendant l'épidémie a aussi été mentionnée comme une source d'inquiétude.