Du squat à l’hôtel 5 étoiles

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LHUILLIER, VANESSA
Page 29

Vendredi 5 octobre 2012

Immobilier Troisième plan de réaffectation de l’église du Gesù à Saint-Josse

L’église du Gesù, rue Royale, à Saint-Josse sera bien transformée en hôtel cinq étoiles. Avant la fin de l’année, la société suisse propriétaire du bien déposera un permis d’urbanisme. Si tout va bien, le sésame devrait être délivré pour juin 2013. Une ouverture est envisagée pour la fin 2015 ou le printemps 2016 au plus tard.

C’est la troisième fois que Pierre Buyssens, directeur de Rosebud Heritage, introduit une demande de permis d’urbanisme. La première date de 2006. Le permis fut refusé car la descente du parking n’était pas placée au bon endroit. Quelque temps plus tard, une nouvelle demande est formulée et le permis est accordé. Seulement, en 2010, il est annulé par le Conseil d’Etat. Le promoteur ne peut pas démolir un des bâtiments et doit construire du logement pour compenser la perte des cellules de moines.

Finalement, les derniers plans prévoient l’aménagement de 75 appartements allant du studio au 2 chambres, 75 chambres d’hôtel, des salles de conférence et un parking de 170 places. L’église sera transformée en restaurants et bars qui seront ouverts aux Bruxellois. Ses sous-sols abriteront un spa. Le promoteur prévoit également quelques commerces dont une friterie.

« Bruxelles n’a pas d’hôtel cinq étoiles de grand luxe avec des services de standing, explique Pierre Buyssens. Le Gesù deviendra une référence. Nous appliquerons donc des tarifs plus élevés que ceux en vigueur dans les 5 étoiles bruxellois mais nous serons en deçà de ce qui se fait dans les grandes villes. Ce projet est certainement le plus fou de ma carrière et je souhaite le mener à terme. Nous allons organiser des visites de chantier et publier un livre sur l’histoire de ce bâtiment et de sa transformation. »

La création d’un nouvel établissement 5 étoiles est également une aubaine pour la commune de Saint-Josse. Quelque 123 personnes devront être engagées dans 35 métiers. Pierre Buyssens a ainsi passé une convention avec la commune et sa Mission locale pour organiser des formations spécifiques pour les habitants de Saint-Josse. Dans une commune où 35 % des jeunes sont au chômage, un nouvel employeur est toujours le bienvenu.

« Il est plus pratique pour nous d’avoir un personnel qui habite à proximité de son lieu de travail, précise Pierre Buyssens. Nous avons également besoin d’artisans et de fournisseurs locaux pour les fleurs, la nourriture, les meubles… Notre volonté est réellement de faire travailler les habitants de la commune de Saint-Josse et de la Région bruxelloise en priorité. Ce projet est un atout pour cette ville et doit bénéficier à ses habitants. » 

En marge

Une convention avec les squatteurs Depuis 2010, des squatteurs ont pris possession du Gesù. Au lieu de les chasser, Pierre Buyssens a signé une convention d’occupation précaire avec eux. Ils sont aujourd’hui 160 dont environ une cinquantaine d’enfants. Pour cette dernière année, le propriétaire, conscient des plaintes des riverains, a aménagé un sas à l’entrée afin de surveiller qui vit dans les lieux. La commune enverra également des assistants sociaux afin d’aider les SDF et sans-papiers à retrouver un logement. Pierre Buyssens tiendra les occupants au courant des avancées de son dossier et leur enverra un préavis de deux mois avant le début des travaux. L’association qui s’occupe d’eux espère que si tout se passe bien, ils pourront signer une nouvelle convention d’occupation pour un autre bâtiment vide pour le squatter.