"Tous plumés par Electrabel", dénonce Greenpeace

http://www.lalibre.be/index.php?view=article&art_id=380157

Les 'profits non anticipés' engrangés par Electrabel proviennent des sommes versées par les consommateurs.

Greenpeace lance mardi un clip intitulé "Tous plumés par Electrabel" évoquant les mécanismes qui permettent à Electrabel de maintenir une production d'électricité préjudiciable à l'environnement et demande au futur gouvernement de s'atteler à la récupération rapide des 'profits non anticipés' et à leur affectation exclusive au développement de l'efficacité énergétique et des énergies renouvelables, annonce mardi l'association de défense de l'environnement lors d'une conférence de presse. Les sommes à récupérer tourneraient aux alentours des 11 milliards d'euros, d'après les estimations du régulateur du marché de l'électricité et du gaz (CREG).

"Plus de 11 milliards d'euros à récupérer et à réinvestir dans la gestion durable de l'énergie: qu'est-ce qu'on attend?", se demande Greenpeace. L'organisation attend du futur ministre du Développement durable qu'il récupère ces sommes indûment cédées à Electrabel/Suez et qu'il les affecte à la recherche et au développement des technologies renouvelables ainsi qu'à l'application rapide de mesures d'efficacité énergétique.

Cette demande se double d'une campagne d'information de l'opinion publique belge concernant les mécanismes qui permettent de maintenir le monopole de facto du groupe Electrabel/Suez au détriment du renouvellement du paysage énergétique belge, explique Fawaz Al Bitar, responsable de la campagne Climat de Greenpeace.

Les 'profits non anticipés' engrangés par Electrabel proviennent des sommes versées par les consommateurs, même après l'amortissement accéléré des centrales au charbon et des réacteurs nucléaires d'Electrabel. En effet, la construction des centrales au charbon et des réacteurs nucléaires d'Electrabel remonte aux années 1960-1980. Leur durée de vie était initialement de 30 à 40 ans. Or, il a été décidé d'amortir ces infrastructures en 20 ans, en gonflant les factures des ménages belges.

Une fois les centrales amorties, rien n'a été entrepris pour restituer à la collectivité ce qu'elle avait investi. Electrabel bénéficie, pour sa part, d'un parc énergétique amorti et engrange toujours des 'bénéfices exceptionnels' (aussi appelés 'profits non anticipés'). Dans un marché libéralisé, Electrabel/Suez dispose donc de très sérieux avantages concurrentiels, explique Fawaz Al Bitar.

"Si nos responsables politiques ne changent rien à la situation actuelle, la Belgique risque de manquer le virage énergétique que les changements climatiques nous imposent. Electrabel tente de nous faire croire que son électricité respecte l'environnement, c'est faux", déplore Fawaz Al Bitar. "Electrabel vit toujours à l'heure du nucléaire et du charbon. Sa politique de production en Belgique le prouve, comme sa politique d'investissements à l'étranger", poursuit-il.

L'électricité produite par Electrabel en Belgique reste majoritairement d'origine nucléaire (58 pc), tandis que l'énergie renouvelables stagne toujours aux alentours de 1,7 pc, dénonce Greenpeace. Le groupe précise par ailleurs que l'énergie verte produite par Electrabel provient à 82,5 pc de la biomasse dont la combustion est réalisée dans de vieilles centrales au charbon inefficaces.

L'association de défense de l'environnement plaide pour une utilisation des profits non anticipés des centrales amorties exclusivement en faveur des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique.

Le clip produit par Greenpeace, intitulé "Tous plumés par Electrabel", sera projeté mercredi à 17h30 à la gare du Midi et, un peu plus tard, à la Porte de Namur et la Place de la Monnaie. Le clip est également disponible sur internet via le site www.eletrobel.be.